Stéphane
Korb

Un après-midi de décembre, j'ai appris que Clint Eastwood venait à Paris, probablement à l'occasion de la sortie du film "Créance de sang", et qu'il dînait chez Maxim’s. Il pleuvait et il faisait froid. Deux autres photographes se tenaient avec moi devant la célèbre brasserie, mais nous ne pouvions pas rentrer. On nous a dit sans ménagement que c'était une soirée privée et que les photographes n'étaient pas les bienvenus. Quelques heures plus tard mes confrères, fatigués de rester plantés là en claquant des dents, m'ont abandonné et je me suis retrouvé seul à attendre sous la pluie. Soudain, vers une heure du matin, une attachée de presse est sortie un peu affolée, à la recherche désespérée d'un photographe car Clint Eastwood voulait immortaliser des portraits avec quelques personnes. J'ai pu rentrer et prendre des photos, "sans être payé" précisa la femme. Lors de la soirée j'ai appris qu'il allait le lendemain à la cinémathèque de Chaillot et je me suis fait mettre sur la liste des invités. Clint Eastwood tenait un billet de 50 francs complètement froissé, arborant une expression amusée, comme s'il se demandait quelle pouvait bien être la valeur de ce morceau de papier. Il a commencé à le déplier rien que pour mon objectif puisqu'il n'y avait aucun autre photographe. C'était un moment cocasse de la soirée.